Le bon-mauvais goût signé Amélie Pichard

9 mars 2017

Fraîche, délurée et élégante en même temps… La marque d’Amélie Pichard, que vous connaissez déjà si vous ouvrez de temps en temps un magazine, ou une page web causant « mode » (ou « tendance », à vous de choisir !) reste assez fascinante pour en reparler quand même ici, entre nanas, tranquilles…

 

La créatrice au tempérament assumé a développé un univers très codifié, tant esthétiquement qu’intellectuellement : on y reconnaît une admiration qui  transparaît pour le cinéaste de l’inquiétante étrangeté, David Lynch, ( : référence immédiate à son modèle improbable d’escarpins en mouton orange ou rose vif, sorte d’ovni sexy… ultra bizarre – ultra féminin), une passion pour la figure de « l’américaine-bombe atomique fatale » des 90’s… D’où la naissance d’une collaboration aussi surprenante que réussie avec l’actrice pulpeuse en maillot une pièce rouge, celle qui court (encore dans la mémoire collective) sur le sable chaud de Malibu, celle qui a première vue semble carrément aux antipodes de la fluette Amélie mais qui pourtant est bel et bien sa muse depuis plusieurs années : Pamela Anderson, la vraie, l’unique. Enfin, ses chats (persans) l’inspire aussi beaucoup.

Les couleurs, comme « éclatantes passées », le côté vintage, le parti pris du bon-mauvais goût, l’étude du détail, les mises en scène de ses campagnes, toujours folles, léchées, avec un air hors du temps, comme un polaroïd inspirant une certaine nostalgie…  La filmo de Lynch est alors omniprésente, et saupoudrée sur « la vision Pichard » de la mode. Tout sauf lisse, suave, et « joli pour joli » ! Il y a plusieurs niveaux de lecture, une fausse légèreté derrière tout ça. Et oui oui, beaucoup de second degré et d’esprit provocateur, en décalage avec les normes du milieu, les dictats du « beau », le manque de subtilité d’une approche plus sérieuse voire académique de certaines marques (« ne pas trop faire différent/ s’éloigner des clous », pour plaire). Le problème c’est qu’en craignant ce fameux abominable de qualifié « fashion faux pas » on risque pire les meufs : être fades et fondues dans la marée noire du métro parisien ! Amélie Pichard est tout sauf conformisme… Elle n’est pas « tendance », en fait ! Elle impose un vrai style, qui évolue de façon cohérente.

Avec ce genre de choses audacieuses c’est pour le coup impossible de ne pas se démarquer… 

LA CAGOLE CHIC

Quant à la collab’ avec Pamela, c’était juste un rêve, un fantasme, qui pour elle s’est réalisé :

J’ai toujours eu ce fantasme de l’American Girl (une de mes collections s’appelle comme ça) (…) l’an dernier j’ai carrément crée une collection, Hittchiker (L’auto-stoppeuse en français) inspirée par fille fictive qui rêve de devenir Pamela Anderson et traverse les Etats-Unis avec un camionneur, pour finir a Malibu en pyjama rose en velours.

Puis quelque temps plus tard, elle rencontre l’ex sauveteuse emblématique de Baywatch (Alerte à Malibu), chez elle à LA…

Elle était exactement comme je l’avais imaginée : sublime, rayonnante, pieds nus dans sa cuisine américaine, en mini short, avec juste un petit haut en broderie anglaise blanc, pas maquillée et hyper fraîche… avec juste de longs ongles anthracite. Elle m’a reçue seule.

Une collection totalement vegan (Pamela lutte activement pour la défense des animaux : leur point commun) en découle, et c’est un réel projet artistique du début à la fin : les créations bien sûr, ainsi que les mises en scène qui présentent la collection.

Pamela ce n’est pas que Baywatch, les seins siliconés et les 90’s, c’est aussi une fille de la plage. J’ai tout mixé. On y trouve des bottines en patchwork de jean et même des tatanes où j’ai fait écrire Pamela à la Suprême. Elle a tout adoré.

Amélie et Pam sont devenues amies.

©David Lachapelle

Pour le reste, allez donc voir par ici ! Sacs-croco, lunettes de soleil pailletées, textures moelleuses ou laquées, mules dorées, pochettes en éponge… Et toujours plus, au rendez-vous !

Mon portrait coup de ♥