Coiffée de sa couronne, elle est adoubée Madone. Elle rit. Elle est gênée d’être pour une fois dans la lumière. L’ombre, elle préfère. Tout comme parler des autres plutôt que d’elle. Audrey est un tourbillon de vie, de générosité, d’altérité et d’engagement.
Un sourire. Un battement de cils. Cette fois-ci, elle ne peut pas se dérober, il est temps de conter son histoire. « J’ai été élevée dans des valeurs de partage, de solidarité avec cette curiosité incessante des traditions différentes des miennes. », confie-t-elle, fière d’être née à Créteil, dans le 94. Issue d’un milieu modeste, son enfance demeure pour elle sa première richesse. Elle se construit dans un melting-pot de rencontres et d’amour pour toutes les cultures. Sans frontières. « Tout était une fête à l’époque. Je me rappelle des barbecues sur les toits avec toutes les familles du quartier. II y avait une sorte d’insouciance, une richesse incroyable humainement. »
Sa route est ponctuée de rencontres féminines déterminantes. La première, sa mère. Elle lui transmet l’amour des autres, le respect de soi et d’autrui. Tout en pudeur, elle dresse le portrait de son premier mentor, qui la remettait « sur les rails avec douceur. » Mais pendant des années, Audrey se sent différente : « Je gommais ma singularité, je ne communiquais pas sur qui j’étais, un vrai caméléon… » Elle décide d’en faire une de ses forces. Et elle croise sur sa voie, Loumia Hiridjee, fondatrice de la marque de lingerie Princesse tam-tam. La créatrice la prend sous son aile : « C’était un modèle incroyable qui m’a formée et a influé sur ma carrière. C’est elle qui a identifié que j’avais un don avec les gens. » Alors Audrey se lance dans les relations publiques et restera 17 ans au sein de cette même maison. La jeune fille de Créteil court les grands hôtels parisiens, habille les stars et fait bouger les lignes. Un jour, on lui demande son avis sur les maillots de bain, elle répond qu’elle ne peut pas les porter : « La collection s’arrête au D. » Le lendemain, Loumia l’envoie chez des modélistes pour remédier au problème. Catégorie plus size créée, elle est fière. Première victoire.
Et vient le jour pour elle de réaliser son propre chemin. En 2019, elle monte sa structure Coven Communication, agence de conseil et coaching « plutôt 360° » pour les entreprises afin d’être auprès des autres et de transmettre son savoir. Audrey incarne plus que jamais sa définition même de la liberté : « Actrice de mes décisions, tout m’appartient. Je n’ai rien subi. Même le prix à payer m’appartient. C’est fondamental pour moi. » Si aujourd’hui, elle pouvait agiter sa baguette magique sur le monde, elle gommerait le racisme et l’intolérance sous toutes ses formes. Sans peur de la différence, sans peur d’autrui, le monde serait plus paisible pense t-elle. Son altérité ? Elle la tient de son hyper sensibilité, « pas dans le sens hyperémotif », précise-t-elle. Non, Audrey ressent plutôt les émotions, les sentiments, les peines, les douleurs physiques des autres, à plus de 360 %…
Audrey, c’est les autres, mais aussi son fils. « Ce n’est pas un langage pro maternité mais la maternité m’a fait lâcher prise totalement. », se rappelle-t-elle. C’est le branle-bas de combat, elle ne contrôle plus ni son corps ni les hormones : « Je n’arrivais plus à être rationnelle. Cela m’a amené à beaucoup d’humilité. » Car happée à aider les autres, Audrey s’oublie. Elle décide alors d’apprendre à aimer son corps, « qui a quand même créé un être humain ! » Chaque jour, Audrey se rencontre un peu plus. Elle avoue avec tendresse que ce n’est pas encore « l’amour fou », mais que finalement, c’est le travail d’une vie. Sur son fil, elle cherche son équilibre. Mais de l’amour et de l’énergie la poussent vers l’avant : « D’un point de vue scientifique et humain, tout est énergie. Et c’est dans le mouvement et dans le flux que la vie est. »
Elle est une femme et une mère. Continuellement dans la transmission bienveillante. Elle veut transmettre à son fils de l’humanité, de prendre soin des autres sans s’oublier. Elle veut créer une chaîne de solidarité et de sororité. « Des femmes m’ont guidée avec intelligence, ne m’ont jamais mise dans une boîte. Elles ont juste mis de la magie dans ma vie au bon moment. Et j’espère avoir reproduit cela avec certaines de mes assistantes et collègues », et elle finit de théoriser avec passion,« s’il y a un centième de ce que je leur ai transmis qu’elles arrivent à transmettre à une autre jeune femme, puis une autre, et encore une autre… Alors j’aurais réussi ma vie professionnelle. »
Coiffée de son auréole dorée, des perles autour des yeux, elle est émue de rentrer dans le collectif : « des femmes leaders dans leurs activités, c’est inspirant, c’est une chance ! » Pourtant, elle était en coulisse depuis des années. Le slogan et notre écosystème, elle les a fait germer avec nous : « On est plus fortes ensemble. »
Sur le shooting, il fait très chaud. Audrey boit un verre d’eau. « Voir toujours le verre à moitié plein. », son ultime conseil avant de regagner l’ombre, « être dans la gratitude au quotidien. » Se relever des épreuves de la vie, s’aimer soi et surtout les autres. Le shooting est fini. Et comme dernières lueurs scintillent les mots d’Audrey : « pour voir la vie de façon plus douce »…
Son mantra : « Prendre le temps de prendre le temps. »