Nous avons toutes et tous dans notre entourage cet homme qui, à chaque débat féministe ou devant chaque témoignage de femmes ayant vécu une agression, répond « oui, mais, tous les hommes ne sont pas comme ça ». Ce fameux #notallmen qui hérisse tant de féministes. Si vous non plus, vous ne savez pas toujours comment leur répondre, voici quelques petites explications de : pourquoi le #notallmen, c’est un problème.
Et si vous n’avez pas le courage de les éduquer, (car qui a dit que c’était notre travail ?) envoyez-lui cet article !
Tout d’abord, commençons par un peu de contexte. D’où vient ce fameux #notallmen ?
Il apparait pour la première fois en 2014 aux États-Unis après l’affaire Eliott Rodget. Cet homme cisgenre de 22 ans avait fait une vidéo où il tenait de violents propos misogynes. Suite à cette action de communication, que l’on pourrait qualifier de peu recommandable, il assassine six femmes. Ce crime sera le premier attribué à la communauté Incel. Cette communauté de célibataire involontaire, se démarque des célibataires, dits « classiques » de par le fait que, subissant leur célibat, ceux-ci tendent alors à développer une haine des femmes. C’est dans ce cadre-là qu’Eliott Rodger choisit de commettre ce sextuple féminicide.
Cette violence donne lieu en réponse à une importante réaction de femmes, qui partagent alors sur les réseaux leur propre expérience de violences sexuelles et sexistes, utilisant le #yesallwomen : oui, toutes les femmes. Il s’agit ici de dénoncer le sexisme que nous subissons toutes au quotidien.
Certains de nos chers hommes, se sentant menacés par ce hashtag, décident alors de répondre avec le #notallmen : pas tous les hommes.
Alors pourquoi c’est un problème ? Nous vous expliquons tout ici.
Figurez-vous que, lorsqu’on parle des agresseurs, ou de nos expériences d’agression, nous savons, évidemment, que tous les hommes ne sont pas sexistes, que tous ne sont pas agresseurs. Il s’agit là d’une évidence.
Lorsqu’une femme dénonce un abus au travail, du harcèlement de rue, ou des comportements misogynes dans son entourage, elle ne dit pas que tous les hommes sont les mêmes, elle témoigne simplement de comportements abusifs qu’elle a pu vivre.
Cette manie de rappeler que « tous les hommes ne sont pas comme ça » n’apporte rien à une conversation qui risque de finir par une exaspération des femmes qui cherchaient simplement à partager leur propre expérience.
Signaler automatiquement que tous les hommes ne sont pas sexistes, invisibilise la lutte contre les agressions sexistes et sexuelles.
Par exemple : Quel rapport a le #notallmen dans un débat sur les abus dans le monde du cinéma ? Aucun. Lorsqu’une femme témoigne d’une agression, l’homme qui lui dit « mais moi, je ne suis pas comme ça » coupe la parole de la victime, interrompt l’attention qui lui est due, pour la rapporter à lui.
Le #notallmen tend à couper court à la conversation et à tout débat lié au sexisme. Les femmes se trouvent alors dans cette situation de devoir se justifier et d’expliquer que « non, évidemment que tous les hommes ne sont pas sexistes ». Rassurant l’égo de celui qui s’est senti offensé sans avoir pour autant été attaqué.
On se rend finalement compte que le #notallmen devient un outil de silenciation. Car lorsqu’une femme a le courage de dénoncer une situation dont elle a été la victime, lui répondre systématiquement par un « tous les hommes ne sont pas comme ça », c’est lui demander de se taire. Vous observerez que, souvent, lorsqu’un homme intervient pour tenir ce discours, la conversation qui se portait sur la victime, s’interrompt pour soit, rassurer l’homme sur son statut de non-agresseur, soit, dévier vers un débat sur si oui ou non, les hommes sont des agresseurs. Dans très peu de cas, la parole revient à la femme et à son témoignage.
Aujourd’hui, encore trop peu de femmes osent porter plainte après une agression. Elles étaient seulement 12 % à le faire en 2020. Alors, utiliser le #notallmen lorsqu’une femme ose en parler, c’est entretenir cette pression du silence bien malvenue.
Parce que c’est de l’auto-victimisation
Les hommes utilisant le #notallmen, sont souvent ceux qui se plaignent le plus du féminisme. Ils disent alors se sentir oppressés par ce combat, par cette façon de penser. Ce sont souvent ceux aussi partisans du « on ne peut plus rien dire » ou ceux également qui regrettent l’époque où l’on pouvait faire remarquer à une femme qu’elle est jolie. Cette douce époque où l’homme pouvait « flirter ».
Ces hommes, utilisateurs du « tous les hommes ne sont pas comme ça » sont donc ceux qui décrivent le féminisme comme un système malveillant dont ils seraient la première victime. Sous-entendant finalement que le féminisme fait plus de dégâts que les agresseurs que celles-ci cherchent à dénoncer.
L’homme « not all men » se place ainsi en victime, au cœur du débat, semblant alors bien incapable d’admettre que, pour cette fois-ci, c’était quelqu’un d’autre, qu’il fallait écouter.
L’homme qui se sent concerné par des dénonciations, sans avoir été lui-même dénoncé, au point de sortir ce « not all men » aussi facilement, a peut-être quelque chose à se reprocher. Cette position de défensive constante semble cacher quelque chose.
Ce besoin de se justifier lorsqu’on n’a pas été incriminé reflète souvent quelque chose de bien triste. Quelqu’un qui n’a rien à se reprocher ne se sentira logiquement pas concerné par la dénonciation de ces hommes problématiques.
Et bien souvent, constat est fait, que ces hommes partisans du #notallmen, sont généralement ces mêmes hommes qui tendent à entretenir un discours sexiste, voire même qui agissent de la sorte.
Alors, à tous ces hommes qui vous disent que non, tous les hommes ne sont pas des agresseurs, répondez-leur que :
Et vous, monsieur, si vous n’avez rien à vous reprocher, alors ne vous en faites pas, vous n’êtes pas concerné par nos témoignages. Le seul rôle que vous pouvez y jouer, c’est celui de soutien, comme tout ami, frère, père, et j’en passe. Et si vous ne savez pas quoi dire, un « je te crois », c’est toujours mieux qu’un « not all men ».
À bon entendeur, belle journée !