Vous l’avez peut-être vu sur les réseaux sociaux, dernièrement le clip “Clit is good” de la chanteuse Suzane, réalisé par Charlotte Abramow, a été censuré par YouTube. Alors que de plus en plus de musiques parlent de plaisir féminin sans montrer quoi que ce soit, la censure est le reflet d’une société qui demande à la femme de se taire …
Inez Jean-Baptiste
La censure a toujours été définie comme “la limitation arbitraire de la liberté d’expression par un pouvoir”. Aujourd’hui, que ce soit Instagram qui supprime les photos de femmes fières de leur corps ou une auto-censure des femmes omniprésente de par une pression sociétale et patriarcale, il y a un réel problème. Tout comme les tétons d’une femme censurés à la télévision aux Etats-Unis mais pas ceux d’un homme… Ici encore, l’hypersexualisation des femmes engendre cette censure insoutenable. Les corps des femmes sont censurés mais pas seulement, leurs paroles le sont également.
“Sois belle et tais-toi !” by un brillant inconnu…
Les Nanas d’Paname s’intéressent à la censure de la parole féminine à travers l’art. Il y a un mois, la chanteuse Suzane a sorti le titre Clit is Good qui aborde un sujet qui reste encore flou et tabou pour certain.es : le plaisir féminin. Quatre jours après, le clip réalisé par Charlotte Abramow s’est fait censurer pour les moins de 18 ans sur Youtube.
Ce n’est un secret pour personne, Youtube n’en est pas à son premier coup d’essai. La plateforme n’aime pas les tétons et a la phobie des parties génitales des femmes !
Souvenez-vous (quelques exemples parmi des milliers d’autres) :
2018 c’était clairement l’année de la démonétisation des vidéos Youtube des femmes libres. Marie Camier Théron, la co-fondatrice et trésorière des Internettes lançait son Hashtag en mai : #MonCorpsSurYouTube. Tous les sujets comme l’avortement, les menstruations et l’acceptation de son corps étaient démonétisées sur Youtube. Un peu comme les femmes qui assument leurs corps sur Instagram et qui se font shadow ban quoi…
Décidément que de mouvements féministes haïs par le politiquement correct de Youtube… La première vidéo sexualise la femme et la définie comme objet tandis que la seconde sensibilise et éduque sur le corps féminin. Cherchez l’erreur…
Nous sommes parties discuter avec la chanteuse Suzane, pour qui cette censure relève d’un problème d’éducation et de société :
“Aujourd’hui et depuis toujours, on considère que le plaisir féminin est quelque chose de déplacé et les femmes ont un rapport de culpabilité avec leur corps et avec ce plaisir. La société essaie de nous faire garder le silence aux femmes avec cette censure qui finalement est très parlante. »
Heureusement, nous sommes nombreux.ses à vouloir faire évoluer les consciences et améliorer notre société. L’art est l’une des meilleures façons de le faire. La censure ne doit en aucun cas vous empêcher de partager vos valeurs dans le respect de chaque être.
A 31 ans, Suzane essaie de faire bouger les lignes à son échelle et à l’aide de son entourage et de son public engagé :
“J’ai essayé avec mon titre, Clit is good, de libérer cette parole et cette intimité qui peut devenir pesante lorsqu’on sait que la société d’aujourd’hui nous montre du doigt. Nous avons essayé de représenter toutes les femmes de toute génération, de tout horizon avec leurs corps et leurs différences. Nous pensons aujourd’hui que la richesse des femmes se situe certainement dans leurs différences. Tout ceci englobe ce que l’on a voulu montrer sur Internet avec beaucoup de poésie sur ce clip, avec une énorme équipe de tournage, des lumières. On a été entourées par des actrices incroyables : Victoria Abril, Kit Picamoles, Déborah Lukumuena… C’était important cette chanson pour moi, j’ai senti qu’il fallait des images lorsque j’écrivais ce titre.”
Dans cette histoire, le plus important est que tout en prenant la parole sur un sujet dont on ne parle pas officiellement aux femmes, l’artiste Suzane est heureuse de son travail. En espérant que chaque femme se soit sentie plus légère et déculpabilsée selon sa liberté de conscience !
Heureusement, il existe plein d’autres artistes chanteuses qui parlent ouvertement et sans tabou dans leurs musiques. On pense à T comme Thérèse, une artiste pas comme les autres. A la fois musicienne, styliste, modèle photo et activiste, elle supporte les valeurs d’un féminisme inclusif à travers ses arts.
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Puis Louisa Donna, une autrice, compositrice, chanteuse dans l’ère du temps et qui parle sans tabous !
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Sans compter Debbie Sparrow, une chanteuse à la personnalité atypique, qui fait de l’acting et du graphisme à côté. Une véritable artiste accomplie et leader lgbtq+ qui vit pleinement dans son monde à paillettes !
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Pour elles comme pour plein d’autres femmes, ce n’est que le début et nombreuses sont celles qui vont continuer d’en parler et de ne pas se taire. Et puis comme dirait Suzane : “C’est important de rester unies. Vive les femmes et Clit is very very very good !”